Hier j’ai eu rendez-vous à la CAF*, il paraît que je suis en couple. Aujourd’hui je suis convoqué.e à Pôle-emploi, j’ai pas cliqué sur « toujours à la recherche d’un emploi ». Demain j’vais mendier trois sous, auprès d’une AS*, pour régler une facture d’eau. Après demain troisième consultation obligatoire à la PMI* pour vérifier que ma fille reste dans la courbe moyenne de poids. La semaine prochaine j’vais devoir encore justifier que je suis bien au RSA* pour que la Sécu me redonne la CMU*. Et ce dentiste qui veut pas me refaire une molaire en céramique, justement parce que je suis à la CMU…
*Allez ! Ne me dîtes pas que vous ne les connaissez pas ces acronymes.
À mesure que l’on descend cette foutue échelle sociale (qui tout en bas mène derrière ses barreaux), ça se resserre sévère, certes. Mais le dispositif assistantiel, lui, s’étend, se répand.
Il s’est si bien étendu qu’il y a un moment déjà que nous l’avons intégré. Auto-contrôle, auto-prévention, surveillance de son capital santé… Nous devrions même nous sentir redevables.
C’est quoi cette arnaque ? Ce dispositif nous individualise, nous sépare, nous intime l’ordre de ne s’inquiéter que de nos parcours particuliers, nous empêchant ainsi de nous reconnaître en communauté de sort. Que nous nommions ces domaines médecine sociale, hygiénisme, assistance sociale, ça fait un bail que leurs agents se penchent sur notre cas.