En allumant des feux

Ce texte est une traduction. Il a été écrit par des psychiatrisé.es en lutte de Madrid. Les membres de ce groupe d’auto-support – auto-ayud – se filent des plans en terme de médication, empêchent des internements, publient des textes et des affiches et bientôt un livre.… Qui a dit que le soutien mutuel entre psychiatrisé.es et une approche radicalement critique de la psychiatrie étaient incompatibles ?

cracheurdefeuCette société rend les gens fous, chaque jour de plus en plus. Ceci est notre point de départ. Il ne semble pas insensé d’affirmer que dans l’environnement dans lequel nous vivons, qui n’expérimente pas personnellement quelque problème en rapport avec la santé mentale (de différente nature, qui peuvent aller d’une dépression à une psychose, en passant par tous les types de pétages de plombs, comme on dit), connaîtra très probablement quelqu’un de proche en train de souffrir psychiquement. Le mal-être et les pathologies mentales augmentent de manière exponentielle. La consommation de psychotropes se généralise à tel point qu’on considère comme normal le fait que des enfants, adultes et personnes âgées ingèrent quotidiennement des substances chimiques pour s’adapter aux exigences et à l’urgence de ce monde. Nous survivons, certains sont plus chanceux que d’autres. Certains d’entre nous deviennent fous. L’existence de l’être humain a été réduite à une compétition adaptative, à une danse des images dans la quelle personne ne sait qui est qui. Cette société qui nous rend fou ne connaît qu’une logique et c’est la logique mercantile : nous produisons des marchandises et nous sommes produites par elles. Le besoin lucratif dégrade la vie, et finalement, la tue. En Espagne, les statistiques démontrent une moyenne de neuf suicides par jour. Si les libertés qui sont inhérentes à l’être humain ont été remplacées par le besoin d’accumuler des biens et de la reconnaissance une fois qu’on les a obtenus, si le bonheur se chiffre à la quantité de matière acquise et l’amour, l’affection, la créativité ou l’intelligence se réduisent à des images grotesques avec lesquelles la publicité nous frappe à chaque instant… est-il si difficile de comprendre que dans un contexte si hostile les têtes arrivent à se casser ? Pourtant, l’ordre social a su protéger ses arrières, en nous faisant vivre une guerre dans laquelle ceux qui commandent traitent comme de la merde ceux qui obéissent et ceux qui sont en bas se traitent comme de la merde entre eux, celui qui tombe est considéré comme coupable. De sa propre faiblesse et de sa propre nature. Cette opération de stigmatisation et de nettoyage est mise en place par la psychiatrie. Une discipline qui à ce moment de l’histoire ne veut rien savoir des différences sociales, des vécus personnels ou des rapports familiaux. Elle se limite à dicter des sentences et en appel à l’organisme de chaque individu pour innocenter la société de la douleur qu’elle provoque. Le plus curieux est que ses prétendues bases biologiques continuent à être aussi faibles que lors de ses premiers pas. Nous disons « dicte » précisément parce qu’elle est incapable d’émettre un diagnostic basé sur des preuves objectives, de laboratoire. Et si les psychiatres ne sont pas capables de dire précisément ce que sont nos maladies, leurs médicaments ne peuvent pas non plus nous soigner. C’est-à-dire qu’ils sont incapables de rétablir une santé qui, en effet, a été perdue. C’est la raison pour laquelle vous, chers lecteurs, ne connaissez personne qui ait été “soigné” par des drogues psychiatriques, et c’est aussi la raison pour la quelle ces drogues ont des effets secondaires si dévastateurs que nous qui les prenons les arrêtons souvent.

Nous en sommes là. Les psychiatres affirment catégoriquement que pour la plupart des pathologies mentales qu’ils nous assignent il n’y a pas de guérison possible et que la seule façon d’atteindre une certaine “qualité de vie’’ passe par la prise de médicaments. Et souvent nous n’avons pas le choix et nous le faisons, sachant que nous pourrons pallier quelque symptômes mais que la cause de la douleur nous devrons aller la chercher. Pour cela nous disons que nous sommes en lutte, parce que nous pensons que l’autonomie c’est la santé et que nous n’avons d’autre choix que de nous battre pour elle. Les sorties que nous offrent les agents de cette société sont murées et nous laisser traiter comme un problème d’ordre publique n’est pas autre chose qu’attenter contre ce que nous sommes, et surtout, contre ce que nous pouvons être. Dénoncer les injustices d’un système qui provoque la folie est évidemment une nécessité, mais plongés dans une situation où les conditions de vie se dégradent à un rythme vertigineux (et avec le contexte économique actuel, plus encore), nous pensons que la principale urgence doit être celle de construire des stratégies qui nous permettent non seulement de résister aux attaques de ce monde, mais aussi qui reflète ce à quoi nous aspirons. Personne ne va venir nous sauver, donc nous sommes en train d’apprendre à nous rencontrer au milieu de l’obscurité, nous allumons des feux et nous reconnaissons entre égaux à la chaleur des flammes. Ceux qui en savent le plus au sujet de la folie, du traitement ou du stigmate social sont ceux qui vivent avec. Nous parlons en assemblées horizontales, sans hiérarchie. Nous partageons des expériences, des peurs et des désirs. Nous nous formons et mettons en commun chaque savoir qui peut nous être utile. Nous essayons d’organiser et de socialiser tout ce que nous apprenons et vivons. Nous cherchons la liberté – dans la plus radicale de ses acceptions – parce que nous savons que c’est dans la pratique que coïncident le changement des situations que nous vivons et le changement dans nos têtes. Nous connaissons les risques et les conséquences de ce pari, et nous essayons que la peur ne nous paralyse pas ni ne nous fasse sentir coupables. C’est cela la véritable maladie qui traverse la société, celle qui maintient les hommes paralysés, ancrés à des simulacres et des certitudes qui en réalité leur sont étrangers, diminuant toute autonomie et empêchant n’importe quelle expérience personnelle, et partant de là, d’une santé réelle. Nous avons la volonté de vivre une vie dans laquelle personne ne commande et personne n’obéit, ce qui suppose de sortir de soi-même et de s’ouvrir aux autres, ce qui suppose en définitive une autre manière d’être dans le monde, mais avec l’intention précisément de le faire couler.

Psychiatrisés en Lutte / Groupe de Soutien Mutuel de Madrid

Retour sur des rencontres – La Borie – Marivieille

Les journées « La liberté est thérapeutique » au squat La Titanik en juin 2010 à Montreuil ont été un déclencheur : depuis, plusieurs rencontres ont eu lieu, mettant en relation des dizaines de personnes mues par le désir de résister à la psychiatrie, dont celle du Mas d’Azil en septembre 2011. Petit retour sur celles de La Borie dans les Cévennes et Marivieille dans la Drôme, avec, intercalé, le témoignage d’un participant à La Borie.

La Borie août 2012

marivieilleInvitation est lancée un ou deux mois avant avec l’idée de se retrouver sur 5/6 jours autour de questions qui tarraudent, d’institutions qui rebutent, de situations rencontrées, d’alternatives à imaginer, construire…
Tout cela plus ou moins en résonance avec ce qui est appelé le mouvement antipsychiatrique (1), dans la lignée duquel certains s’inscrivent parfois, du moins en partie…
À La Borie, rien n’était programmé : ces journées ont été ce que les personnes sur place en ont fait.
« Ce que j’aime dans les rencontres qu’il y a eu au Mas ou à La Borie, c’est qu’en fait on se pose beaucoup de questions, on a tout à déconstruire, et il n’y a pas beaucoup d’affirmations (…) on se demande comment on peut faire, c’est le début d’un mouvement, de la renaissance d’un mouvement et ça, c’est super intéressant ! »
« À l’écoute de nos désirs et à l’écoute du désir des autres, sans stigmatisation, sans jugement, d’une manière un peu inconditionnelle. Et du coup, ça libère les imaginaires… » « Moi, je me rouvre petit à petit grâce à ce genre de rencontres et après, toute l’année, avec les permanences (2). Pour moi, c’est hyper important, ça m’a presque sauvé la vie psychique, de rencontrer les gens qui militent sur l’antipsy. » (3)
La beauté du lieu, le temps, la qualité des relations ont créé une alchimie particulière, toute-s sont reparti-e-s gonflées à bloc, avec une patate d’en- fer ! Prêt-e-s à bouger dans leur région…

Parmi les ateliers et discussion proposés :
– Question de la cohérence politique. Lutte antipsy, dynamique de recherche autour du soin : quelle réalité à défendre ? Contre quoi / pour quoi se battre ? Comment alternatives et radicalité peuvent elles se compléter et non s’opposer ? Présentation d’ »Icarus project ».
– Dépendances aux psychotropes (médocs / non médocs), expériences de sevrage – si tant est qu’il faille se sevrer, a-t-il été précisé. Discussion en vue de la réalisation d’une brochure sur le sevrage neuroleptiques.
– Discussion sur « Délires et bouffées délirantes ».
– Discussion sur l’enfance / question de l’infantilisation des soigné-e-s.
– Ateliers corporels : yoga, res- piration, expression corporelle, théâtre de l’Opprimé.

Un temps d’émancipation individuelle et collective

A La Borie : plus qu’une fédération des consciences, ce fut une fédération des Imaginaires ; l’élan vital d’une construction des identités ; une Révolution – pour moi – , et j’y ai trouvé une famille Vraie. Chacun – avec ses épreuves de feu de la psychiatrie – a pu, avec une sensibilité touchante, et un éveil tendu vers l’Autre, témoigner de son désir de transformer ses propres expériences en une vacuité de ses vécus ; afin de visualiser la rencontre des regards vers des stades ultérieurs de recomposition politique. Face et contre des réalités effroyables que nous a infligées la psychiatrie et qu’elle nous réserve – Assassine – dans le silence psychotrope de ses hôpitaux-prisons.

Car, purement et simplement, nous visons à sa destruction. Elle-même a voulu nous détruire (servons-nous de sa destruction comme lame de fond), mais cette Grande Faucheuse ne peut venir à bout si facilement d’individus déterminés à ne pas se faire dépecer vivants par le cauchemar dans lequel elle nous entraîne… et nous draine jusque dans ses phantasmes en trompant nos cailloux blancs… et dans lequel nous rêvons les yeux ouverts pour contrer ses projets cannibaliques !

Ainsi, près des méandres d’une rivière où nous nous baignions les corps nus, nous touchions de près la lumière. Nous dormions dans des tentes, d’autres dans un squat, quelques-uns dans un tipi (les rêves, la nuit, peut-être incarnaient dans les corps endormis les âmes des Indiens morts ou sur leur sentier de guerre). Et il y avait, aussi, une yourte où nous nous réunissions le jour comme la nuit pour y échanger nos messages, pour y lire la documentation sur les tables de presse, pour y discuter de l’organisation des ateliers, pour nous y dé- tendre, pour y construire des liens…

D’ailleurs, l’atelier « Cohérence politique » était une touche caméléone qui apportait à notre arc-en-ciel de nouvelles manières de voir et nommer les couleurs. C’était une super-vision des processus créatifs dés- orientés – peut-être ? – vers une co-errance (en recherche de nouvelles pistes…) puisant sa force dans les parcours intermédiaires de chacun (le tirant vers ses propres nuances), un projecteur pour construire un feu, et le braquer sur le projet Icarus… premiers balbutiements (pour sortir de son labyrinthe-en-langue-étrangère), dont la traduction vient, s’acheminera…
Autour, les reliefs couverts de végétation prédisposaient à un socle commun ; le désir conscient de nous déshabiller de nos vêtements de paroles des « Nations civilisées » pour nous dépouiller du superflu et ne plus voir nos regards dans les miroirs : ceux de la société de consommation, et pour lui interdire l’accès à nos incons- cients, pour lui barrer délibérément la route, et pour que nos regards émargent les uns dans les autres. Chacun et chacune s’exprimant librement ; personne ne jugeant l’Autre. Une confiance commune était à l’oeuvre. Une « Œuvre au noir ». Elle rayonnait sa force, et la nuit, au- tour du feu en flammes, le ciel constellé d’étoiles, les silences solitaires et les conversations multiples donnaient au contexte de notre résistance à la psychiatrie l’élan vital d’une lutte contre l’obsession qui nous envisage de son regard de mort.

Nous. Nous portions la vie. Nous transe-portions nos eaux. Parfois, elles coulaient sur nos joues – comme volonté et puissance (sensible) ou bien se retenaient aux chutes de nos pensées. Il y avait aussi l’atelier théâtral axé plus sur les corps (leur langage) que sur les paroles (nous éloquions leurs silences) ; axé sur notre animalité (fauve et /ou herbivore) et notre sens de la spontanéité, de notre imprévisible questionnement intérieur trouvant des réponses dans la danse des sentiments et des émo- tions… dans nos regards se tournant autour, comme des bêtes sauvages… dans le miroir tendu vers l’Autre et son Ailleurs ; pour l’aider à se découvrir, dans ce décalage naturel et vital opérant ses fractures-du-réconciliable en contre-point des postures dé-stéréo-typant le familier-vécu et l’invisibilisant clairement, lorsque nous sommes mis-en-situation. Et un corps retrouvant le Sauvage qui-est-en-lui, ses instincts primitifs, fera tout pour éviter les divertissements ou sa diversion ; pour éviter, de retour dans Babylone (mot de NN.), sa concentration dans les réserves et les captivités des espaces organisés. À cela, s’est ajoutée une expérience rare, et partagée par tous et chacun, lors d’une construction organique d’une machine-humaine (un Inconscient machinique déstructurant nos automatismes) où chacun avait une fonction isolée dans les engrenages – rouages pensants –, dans les agencements collectifs ; fonction isolée mais aussi reliée dans ces rouages libérant la créativité de l’engrenage du corps-rendu-fou en communiquant sa conscience collective, trouvant sa rythmique non-normative dans un assemblage de forces en gestes et en sons ; en images intériorisées du film en développement incorporant le regard extérieur sur sa propre scène de particules élémentaires ou moi peauétisant, s’auto-gestionnant… ce fut un exercice du théâtre de l’Opprimé, impulsé par D. et I…

L’atelier « Délire et bouffées délirantes »; F. m’en a touché quelques mots qui avaient l’intelligence d’y voir du positif,une revendication du délire comme forme organisée–ou vécu pleinement dans un plaisir non-intellectualisé, une expression de l’être touché par la grâce… Mais encore des ateliers d’écriture (avec N.); une écriture à plusieurs voix ; des mots choisis par chacun au hasard de rencontres avec d’autres. Avec des temps de silence où jaillissaient des thèmes – en correspondances et conjonctions – , une recherche qui débouchera sur une édition de nos écrits…

Ces réunions librement choisies, et nos rencontres (alors qu’une mélodie s’élevait au-dessus de nos êtres) se sont déroulées sur 5/6 jours.Elles furent redistribuées –en tributs et en contenus – lors de nos repas et dans nos pas parés d’étoffes… et ailleurs au coeur de l’Autre.Des secrets se créaient. Défaisaient les robes de clarté. D’autres ateliers comme : le sevrage des traitements chimiques (avec R.), les lectures sous la yourte: avec L. et ses slams, A. –féminin A.– conteur clair obscur, P. et ses invocations chamaniques, S. le révolté, A. touchante et touchée, et moi-même électrisé.Les échanges sur la thématique de l’Enfance (ce Sanctuaire en danger) et bien d’autres sujets (qui témoignent de parcours individuels, de corps de textes, de biographies, de nos analyses et de nos identités luttant sans relâche contre l’Empire de la Raison médicalisante)… mots jaculés… comme sous les noisetiers, au bord de la rivière ou dans un champ d’étoiles et de jachères ; de friches à déchiffrer…

Ce fut un temps d’émancipation individuelle et collective, des lieux propices pour affûter nos armes critiques et nos larmes aiguisées enfouissant nos plaies en eaux vives, un champ d’énergies et de désirs, une refonte des Imaginaires pour contrer un Réel connu et dénoncé par tous, pour le démasquer, peindre nos visages de couleurs guerrières; quand les enfants –en liberté– sauvages et beaux, vivaient leurs propres jeux… expérimentaient l’univers tout autour, vaste et profond… d’interdits à transgresser…

Oui,une refonte des Imaginaires sous les frondaisons des arbres et sous la voûte de nos ciels étoilant l’Avenir : nous, météorites aveugles dessinant nos perspectives à dessein ! Pour contrer en nous ce Réel-éprouvé, nos épreuves, et nos preuves…
Quand sur le départ, après avoir plié le camp… les étreintes chaleureuses et amicales et Amoureuses… les embrassades et les mots-derniers échangés, comme changés dans l’instantané; déconstruire la réalité venant, où nous nous retournons vers l’extérieur, vers ses rapports de domination, ses langages totalitaires…

Nous nous renforcions par l’étreinte, dans les tissus de nos mots: enveloppes de silences relâchant sans la dessaisir la force contractée dans un désir de Révolution… La post-psychiatrie, nous la faisons! Défaire –en nous– ce que d’autres veulent faire de (et dans) nos corps, et de nos pensées ! Nos pensées qui osent le magnifique. Sur les ailes du Chant, un Vol de papillons nous attire loin des filets : une autre rencontre est prévue à Marivieille, du 10 au 16 octobre !

Nos rêves sont en colère !

V.

Marivieille, octobre 2012

Un lieu, en petite montagne, dans le Diois, très beau mais avec le soleil estival en moins. Le même principe d’im- provisation totale et la présence d’une quinzaine de personnes qui avaient été à La Borie deux mois avant.
À noter que ces six journées se sont déroulées dans une ambiance de bienveillance collective, de solidarité, avec un grand respect, une grande attention portée les un-e-s aux autres, faisant la « démonstration », s’il en était besoin, qu’en un lieu et un temps donnés des personnes peuvent commencer à changer leurs relations…

Parmi les ateliers et discussions mis en place, des points communs avec La Borie bien sûr et des propositions nouvelles, telle la discussion « Normalité, diagnostics, étiquettes » : interroger la normalité dans toutes ses dimensions : médicale, sociale, politique. Une des fonctions sociales de la normalité : faire en sorte que les personnes normées soient insérées dans le monde du travail et donc soient productives… Le DSM, outil d’enfermement massif dans une idéologie de la normalité, n’a pas manqué d’être évoqué. Une question parmi d’autres : comment avoir entre nous des relations le plus possible débarrassées de ces références au normal ?

Autre moment fort, la discussion sur « Lieu de vie, alternative concrète de survie ». Le groupe a passé en revue toutes les possibilités de faire exister un lieu de vie et/ou d’accueil et a tenté d’apporter des réponses aux multiples questions que cela pose. La question « Un lieu ? Et si oui, lequel ? » dépend avant tout de l’intentionnalité. Premier cas de figure : pas d’intentionnalité déclarée, donc pas de lieu fixe spécifique, les choses se passent alors beaucoup plus dans le quotidien, avec un groupe de personnes aidant à un moment donné une personne « allant mal ». À l’opposé, il y a l’option du lieu d’accueil qui n’existe que pour remplir cette fonction. Mais alors n’est-ce pas recréer un lieu institutionnel ? Avec les options intermédiaires : un lieu fixe, mais qui à côté est aussi une habitation ; un lieu temporaire mis à la disposition d’un groupe de personnes accompagnantes. Une question très liée et qui n’est pas la moindre : celle qui porte sur la qualité des personnes qui accompagnent… (Entre autres, quelle est leur position ? Quelle est leur expérience ?)
Parmi les autres discussions et ateliers proposés : présentation de la technique de la co-écoute (avec mise en pra- tique), présentation de W. Reich en deux temps : éléments biographiques et théoriques, expérimentation), ateliers d’expression et d’exploration corporelle (pour commencer la journée).

Dommage tout de même que la discussion « La lutte antipsy, cohérence politique entre hier et aujourd’hui », n’ayant trouvé personne pour la porter, n’ait finalement pas pu se dérouler. Il semblerait que ce thème provoque un double mouvement collectif d’attraction-répulsion. Mais qu’aurions-nous à gagner à opposer lutte politique contre la psychiatrie et mise en place d’éléments concrets de soutien à des personnes « allant plus ou moins mal », sinon de marcher sur une jambe ?

Quoi qu’il en soit, continuons à faire vivre de telles rencontres, qu’elles soient inorganisées ou plus ou moins pré- parées. Elles tiennent une place importante dans toutes les actions et initiatives de résistance à la psychiatrie, en contribuant notamment à créer une continuité.

J.

Notes:
(1) Ce terme est devenu usuel pour signifier « contre la psychiatrie » mais le fait qu’il fasse référence à des mouvements historiques rend son usage problématique. (retour au texte)
(2) Une permanence « Résister à la psychiatrie », à l’initiative du collectif Sans Remède se tenait jusqu’à récemment au Rémouleur, 106 rue Victor Hugo 93170 Bagnolet. Pour plus d’infos sur les activités du Rémouleur, c’est ici. (retour au texte)
(3) Quelques propos tenus dans le cadre de l’émission L’entonnoir, animée par Denis, avec Nathalie et Malik, sur Radio-Libertaire, 89.4, le mercredi de 9h30 à 10h30. (retour au texte)

Compte rendu d’un atelier de discussion

Nous avons participé à deux reprises au cours de l’année 2011 à des ateliers de discussion en petits groupes (entre 3 et 6 personnes). Ici le thème choisi par les participant-e-s était Réagir et soutenir, individuellement et/ou en collectif. Nous vous en proposons un compte rendu partiel.

nezparfaitdiscuteNous avons échangé sur nos galères avec nos têtes, entre autres les crises d’angoisses (on est plusieurs à pratiquer), les coups durs où on aurait envie de tout lâcher et les moments délirants pas admis (quelqu’un-e a parlé d’une décision de suivre tout ce qui était vert dans la ville par exemple, ce qui est totalement gratuit et n’a aucun sens apparent, pourtant, ça fait du bien !). Quelqu’un-e a dit que se faire un peu fou-folle, ça rendrait plus poreuses les barrières avec les autres. On s’est dit qu’on avait dans nos gueules notre commun de nager à contre-courant, et qu’être « contre » c’est pas une place facile.
Deux personnes ont témoigné de leurs histoires de soutien à des potes. S’il y a une intervention du collectif, c’est toujours quand il est trop tard, c’est-à- dire que le moment de « pétage de plombs » est un évènement, mais ça fait aussitôt penser qu’il y a eu un avant. Dans un cas, il y a eu une attitude de déni et un avis général du genre que la psy c’est de la merde. L’effet a été : on ne fait rien. Plus généralement il y a une gêne qui individualise complètement les dérapages/acrobaties psychiques. Il est courant de rendre quelqu’un-e responsable de ce qui lui arrive. Le déni dans ce cas a eu pour conséquence l’internement du pote.

Il faut aussi savoir prendre acte d’une réalité ; passer le relais à l’hosto ou la famille doit être dédramatisé si personne ne veut ou ne peut soutenir assez, ou que c’est momentanément trop dur, ce qui ne veut pas dire l’abandon du ou de la pote en l’occurrence, mais multiplier les soutiens (et la famille, et des ami-e-s…), tout en continuant d’avoir une relation avec la personne en se tenant au jus de ce qui se passe pour lui ou elle, en mode méfiance et veille. Expériences : monter un planning de présence en relais, exiger de la ou le voir si il y a enfermement, montrer aux psys qu’il y a du monde autour en venant tous les jours, à plein dans le couloir s’il y a un rendez- vous, parler et se renseigner sur le traitement…

Et puis, on s’est dit aussi que ça serait important d’essayer d’entendre comment la personne qui « pète les plombs » se nomme elle-même ou ce qui lui arrive (ex : « je vis dans une autre dimension »), et utiliser ses mots, peut-être en inventer ; et surtout, chaque fois que c’est possible, l’associer aux décisions qui la-le concerne. Par contre, on va pas commencer à imaginer des diagnostics nous-mêmes.

Il s’est dit que soutenir individuellement était impossible ou pas souhaitable, et que même les soutiens avaient besoin de soutien, ou au moins de parler avec une ou plusieurs autres personnes, et plus généralement, chercher ailleurs, à l’extérieur du groupe ou de la situation, aux plus d’endroits possibles, des infos, des expériences. Penser la médecine et particulièrement la psychiatrie comme un pouvoir sur nos vies nous amène à penser tout rapport avec cette institution comme un rapport de force. Vouloir aider nous oblige à nous poser des questions sans arrêt sur notre place, nos moyens, nos limites, nos intentions, si on ne veut pas reproduire des rapports de domination avec l’autre ou se substituer à un médecin.
On a parlé du danger d’être une béquille, ou de laisser l’autre se noyer… On s’est dit aussi que parfois il n’y a rien à dire, peut-être rien à faire, que voir quelqu’un-e pour ne pas parler, ça peut aussi être utile (on ne le fait jamais).

Quelqu’un a dit que cette expérience de soutien, si c’est dur, c’est aussi enrichissant et pour le collectif et pour lui personnellement.

Les groupes de paroles sont perçus comme des moments un peu psychologisants de comptoir, « bons pour les bonnes femmes » genre « pathétique ». Sauf que si on le faisait de manière régulière, ça permettrait peut-être d’éviter le trop-plein finissant chez un psy, et ça pourrait éviter que les places auxquelles certain-e-s sont assigné-e-s soient définitives. En même temps, on a pas envie de s’exposer ni à tout le monde, ni tout le temps, ni de se transformer en auto-observateur- trice de nous-mêmes ou des autres. On a aussi besoin de secrets.

Nommer permet de prendre acte, mais en même temps, ce qui fait peur c’est que ça rend réel (si je dis : j’ai des crises d’angoisse, ça peut en déclencher une, maintenant, ou préparer un terrain possible aux autres), les mots peuvent fixer un regard sur soi ou les autres qui fait peur par leur côté apparemment définitif. Alors qu’on est jamais réductible à une seule identité, et qu’on est en mouvement tout le temps, on doit se le rappeler quand quelqun-e aberre, il ou elle n’est pas que ça et ne le sera jamais.

« L’HP n’est jamais loin » a dit l’un-e de nous, on le sent par : ce qu’on s’interdit de faire comme écart public, ce qu’on contient, par la peur, et par la répression immédiate quand on dépasse les bornes.
On n’est pas égaux devant la psychiatrie, que ce soit par le genre, l’entourage, la culture, l’âge, l’origine sociale… Il y a des luttes à mener, différenciées et à inventer sur différents modes.

Note spéciale à l’entourage : c’est horrible que quelqu’un-e soit présenté-e ou parlé-e comme « celle- celui qui a pété les plombs », au risque de fabriquer des taules relationnelles, donc, apprenons activement à fermer nos gueules.

Pour conclure, on s’est dit que parmi ce qui nous donne de la force, il y a cette conviction que comprendre et lutter sont des armes et des nourritures, dans un monde que la norme rend mort. Même si on a la vie dure, au moins elle est vivante et bien à nous, larmes comprises.

Le labyrinthe dont vous êtes le héros : faire une demande de dossier médical

Il nous semble important de rappeler que chaque psychiatrisé-e ayant été interné-e a le droit d’obtenir une copie de son dossier médical. Pour autant il faut aussi savoir comment faire la demande et ce que l’on risque d’y trouver afin de s’y préparer.

En tant qu’ex-psychiatrisée, internée à de nombreuses reprises, il m’est récemment apparu nécessaire de ne pas laisser mes dossiers médicaux aux seules mains des soignant-e-s et administratifs des hôpitaux dans lesquels j’ai pu passer. On peut vouloir savoir ce que ces gens-là ont écrit sur nous.

Les dossiers médicaux sont constitués d’un certain nombre de pièces, dont les observations infirmières quotidiennes – vous savez quand on veut demander quelque chose et qu’on nous répond que c’est l’heure des transmissions, eh bien ils sont en train d’écrire sur nous – les entretiens avec le ou la psychiatre, les traitements, les décisions de mise en isolement, les comptes rendus d’hospitalisation…

  • Pour obtenir votre dossier médical, vous pouvez demander au médecin qui vous suit d’en faire la demande pour vous, en son nom.
  • Vous pouvez vous renseigner par téléphone auprès du service concerné pour connaître la démarche de consultation et de récupération de votre dossier sur le lieu même de votre hospitalisation.
  • Vous pouvez télécharger sur le site de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) un formulaire dans la rubrique « droit du patient ». Vous pouvez vous permettre d’envoyer ce formulaire à tous les hôpitaux qui ne dépendent pas de l’AP-HP, assorti d’une photocopie de votre carte d’identité, mais sachez que cela ne sera pas suffisant et qu’un échange de courriers s’ensuivra. On pourra vous demander une lettre adressée au médecin qui vous a suivi lors de l’internement, un chèque pour le coût des copies, de remplir un formulaire particulier…
  • Si vous appelez le secrétariat des lieux où vous avez été enfermé-e, hôpitaux ou clinique psychiatrique privés… ayez avec vous votre numéro de sécurité sociale, tous les fichiers étant informatisés, vous serez en mesure d’obtenir les dates d’entrée et de sortie pour chaque service lors de chaque hospitalisation, si vous ne vous en souvenez plus. Ces informations vous seront demandées par la suite pour remplir les formulaires.

Dans tous les cas, il est important de vous préparer à la réception des dossiers. Car si ce qui y est consigné ce n’est pas vous, cela parle de vous. Les experts parlent aux experts dans une langue et au moyen d’abréviations trop souvent incompréhensibles. Par ailleurs même si leur façon de traduire nos réactions ne nous parait ni fondée, ni intelligente, ni pertinente, il peut être blessant ou violent de lire en toutes lettres le diagnostic qu’on nous a collé sur le dos, d’apprendre des choses que l’on ne cherchait pas particulièrement à savoir, de se plonger dans la manière dont des inconnu-e-s ont pris des décisions qui pour certaines ont pu gâcher des pans entiers de nos vies.

Donc, n’hésitez pas à prévenir un copain, une amie, des frangins, frangines que vous faites cette démarche, voire de la faire à plusieurs ou d’attendre d’être en forme pour prendre connaissance du contenu de votre dossier médical.
Il est possible qu’on ne sache plus lorsqu’on les a reçus, puis lus, ce que l’on y cherchait ni ce que l’on voulait en faire, mais nous continuons de trouver pertinent de ne pas laisser nos bouts de vies épars, traités, médiqués, enfermés, diagnostiqués entre les mains des blouses blanches.
Note : Par ailleurs, nous savons tou-te-s que les psys et consorts abusent régulièrement de leur pouvoir au sein de l’institution, et même si nous ne sommes pas juridico-systématiques, il peut être bon de savoir que sur la base du dossier médical vous pouvez engager une procédure en justice. Tous les renseignements utiles dans ce cas sont à chercher sur le site du Centre de Réflexion et de Proposition d’Action sur la Psychiatrie (CRPA).

Parole de chamelle

Ce texte est issu d’un entretien avec H., nous avons discuté, à partir du titre « Sans Remède », de la prise de médicaments et échangé sur son expérience.

chamelleLes Chamelles, c’est un groupe de trois femmes qui ont un passé plus ou moins récent en psychiatrie, on se voit depuis le printemps 2009. On a des parcours très différents. On se rencontre de manière irrégulière, et informelle.
Au départ, à la Case de Santé (1), il y a une salle qui sert de cantine occasionnelle, de lieu de réunion… J’ai eu un jour une discussion avec une femme qui était comme moi patiente de la Case, c’est là qu’est arrivée l’idée de constituer un groupe de patient-es. J’ai un peu écrit ce que pourrait être ce groupe, et je l’ai envoyé à des usagers de la Case qui pourraient être intéressés. J’ai eu leurs adresses par des soignants de la Case qui soutenaient la démarche ; ils ont obtenu l’accord des gens pour que je les contacte. Sur environ dix personnes, deux ont répondu présent pour la première rencontre.
On m’a parlé des Groupes d’Entraide Mutuelle, mais ça me semblait trop structuré, et trop avec des encadrants professionnels. J’avais envie de parler librement sans regards extérieurs qui viendraient comme au zoo voir qui sont ces fous… Moi, j’avais pas envie d’un groupe de parole où on se prendrait la violence des discours de ceux qui ont un avis sur les médocs, sur les médecins… sans être directement concernés. C’est pour ça qu’on s’est montées en groupe « d’auto-support », pour se préserver des préjugés et des soignants. C’est pas évident parce qu’il y a en a que la présence des soignants rassure, ce qui explique peut-être qu’on est que trois. Nous, ce qu’on a trouvé comme avantage, c’est l’évidence de notre commun né de l’expérience des médocs, des effets secondaires, des rapports avec les infirmiers, de nos délires, mystiques ou pas, des délires de complots… C’est pas que de la souffrance. C’est drôle aussi. On s’imite les psys… On échange nos expériences et nos avis. Y’a toujours ce truc de l’absence de jugement qui est hyper important.

On ne prétend pas que notre groupe est thérapeutique. Comme il n’y a pas de regard extérieur, rien n’est interprété, c’est pas performatif. Par exemple, dans un groupe d’art thérapie, si je fais un dessin, un soignant va en faire une lecture. Je fais une jolie maison : ça veut dire ci ou ça… Ça pervertit l’intérêt du processus de la parole, qui doit être libre, et pas chercher à satisfaire une autorité présente. Au début, je voulais faire beaucoup plus, mais j’avais pas réalisé que c’était déjà faire de parler. Ça nous a déjà pris un an de nous renconter, nous raconter nos parcours…

On a pas toutes l’habitude d’écrire des textes collectifs. Mais on a de quoi faire un bouquin. Maintenant on a pour projet d’écrire un texte sur les effets secondaires des médocs, avec des trucs et astuces pour atténuer les effets, informer… C’est pris à la légère par les psys les prises de poids, comment les médocs jouent sur les hormones, comment aussi, une personne qui a des troubles depuis vingt ans se connaît, connaît les ajustements pour les dosages, ce qu’il lui faut, ce qu’elle supporte mal…

Refuser le médicament ou le gober, ça suffit pas, il faut affiner. Je me suis pas mal mis la pression toute seule quand s’est posée pour moi la question : si je prends ce médoc, est-ce que je vais être mal vue par les squatters militants ? (dont je cherche la reconnaissance), est-ce que je vais passer pour une faible, qui abandonne, consentante, son cerveau au système ? qui va désormais s’employer à casser sa vraie personnalité… Ça veut dire quoi ma vraie personnalité ? Pour moi, on se constitue dans des rapports, par la socialisation, quand ton délire te coupe complètement de ça et te fait partir en vrille dans un sous-bois pour vivre le délire à fond, parce que le délire et sa solitude sont très attirants aussi, qu’est-ce qui reste de ta personnalité, coupé de tous les autres et réduit au délire ? J’ai parlé du regard des autres comme une peur, mais le regard de quelqu’un peut aussi être l’hameçon qui t’em- pêche de partir dans les sous-bois.
Aujourd’hui j’ai arrêté le médoc depuis un an et demi, avec l’accord d’un psychiatre, après cinq ans sans épisodes délirants.

H.

Notes :

(1) La Case de Santé est un centre de santé de quartier ouvert à tou-te-s, quelle que soit la condition sociale. (retour au texte)

Rencontres à la Titanik

Lors du week-end « La liberté est thérapeutique » des 25, 26 et 27 juin 2010 à Montreuil, nous étions invité-e-s à « venir voir des films qui parlent de l’institution psychiatrique mais qui parlent surtout de luttes contre celle-ci, à travers différentes expériences et lieux alternatifs et venir causer, échanger, vider notre sac, rigoler, gueuler, faire du réseau et pourquoi pas imaginer des projets et des luttes autour de cette thématique ».

titanikUne discussion spontanée a réuni des patient-e-s, des impatient-e-s, des ancienn-e-s patient-e-s, des futurs patient-e-s, des personnes qui se nommeraient autrement, et des personnes qui bossent pour l’institution psychiatrique.
Beaucoup utilisent encore : « soignant, patient, folie, maladie, souffrance… » et ces mots nous incitent à penser de manière médicale.
Des personnes ayant un vécu direct de la psy, ont témoigné de leur histoire. Toutes-tous ont exprimé de la frustration et de la colère contre l’enfermement, la psychiatrie en général, les salarié-e-s de l’institution, et ont évoqué leurs dépendances aux médicaments ou à d’autres substances (surtout le teush et l’alcool) qui peuvent être utilisées comme substituts lors de tentatives de sevrage.
Une personne a dit sa colère de savoir son be- soin irréductible de médocs qui l’oblige à se cogner des relations avec l’hôpital qu’elle hait, mais elle dit qu’elle n’a pas le choix, les médocs étant efficaces contre sa violence.
Un dialogue venimeux s’est établi entre un soignant qui justifiait sa pratique et d’autres personnes qui contestaient l’évidence de croire à l’efficacité de la psy et-ou d’accepter de faire ce taf. Une personne psychiatrisée en colère est partie alors que le soignant est resté.
Le lendemain, la discussion s’est poursuivie sur la proposition de ne pas évacuer le conflit de la veille. On ne peut pas considérer qu’il y ait une symétrie entre les soigné-e-s et les soignant-e-s.
Des personnes sont dominées par d’autres, il s’agit de s’attaquer à cette relation de pouvoir. La non-mixité (1) a été proposée comme un outil possible de réduction du rapport de pouvoir. Ce terme et cette idée ont suscité du débat : « c’est recréer un groupe stigmatisé » « mais on parle d’un besoin vital pour des personnes d’échanger sur un vécu difficile, et pas forcément facile à partager avec des gens qui n’ont pas vécu « tout ça » ». A l’inverse, une autre personne a parlé de notre « communauté de sort ». Une autre a dit qu’il fallait faire un syndicat des fous.
Beaucoup de personnes souhaitent la mise en place d’alternatives à la psychiatrie (lieux, ré- seaux). D’autres se placent plus sur un plan politique, en proposant de ne pas se limiter à une lutte contre la psy mais de s’inscrire dans un refus politique plus large de l’état et de ce monde, puisque l’enfermement par exemple ne tient pas que de la psy, c’est une menace qui pèse sur chacun-e pour nous contenir et servir la norme sociale.
Quelques groupes constitués étaient présents, beaucoup d’individus… Les personnes de l’Atelier du
non-faire de Paris sont venues nombreuses, elles ont un local où elles font sous forme associative de l’entraide mutuelle, de la musique, de l’écriture… Les Chamelles de Toulouse ont de nombreuses pratiques : création d’un groupe délire, échange d’adresses, projet d’édition d’une brochure d’infos sur les médocs, émissions de radio…

Encore merci à tout-e-s, les titaniké-e-s, araigné-e-s du plafond, agité-e-s du bulbe, les aliéné-e-s, et tou-te-s les autres pour ces trois jours ensemble !

SR

Notes :

(1) La non-mixité est une pratique féministe qui pose que la domination masculine nécessite la création de groupes uniquement féminins pour permettre une parole plus libre. Ici, cela signifie que des psychiatrisé-e-s et d’ex-psychiatrisé-e-s uniquement, se réunissent. (retour au texte)

Voir le blog : la-liberte-est-therapeutique.blogspot.com